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Psychologie Sociale - S3

Created by Tidiane .B

Psychologie Sociale - S3

But du groupe vs Buts individuels

"Distinction But du groupe vs Buts individuels"

Principe fondamental

L'objectif du groupe ≠ buts individuels des membres

Les membres peuvent avoir des motivations personnelles différentes tout en convergant vers un but commun.

Illustration 1 : Groupe de musique

Buts individuels (différents)

But du groupe

Résultat

Tous convergent vers le but commun MALGRÉ des motivations personnelles différentes. → C'est ce qui permet la coopération.

Illustration 2 : Entreprise

Buts individuels (différents)

But du groupe

Résultat

Tous s'accordent à travailler ensemble, au moins pour un temps.

Principe clé

Cette distinction est ce qui explique pourquoi des personnes aux motivations très différentes peuvent former un groupe fonctionnel.

Le groupe existe tant que les buts individuels peuvent être satisfaits (au moins partiellement) par la poursuite du but collectif.

Expérience de la Caverne aux voleurs

"Expérience de la Caverne aux voleurs"

Contexte (Sherif, 1954)

Lieu : Robbers Cave State Park (Oklahoma), années 1950Durée : 3 semaines de colonieParticipants : Garçons de 11-12 ans

Phase 1 : Formation (1 semaine)

Protocole

Noms choisis

Résultat

Phase 2 : Compétition

Protocole

Résultats

Principe : La simple compétition pour ressources limitées crée de l'hostilité inter-groupe, même entre inconnus.

L'hostilité externe renforce la cohésion interne.

Phase 3 : Coopération

Protocole

Résultats

Conclusions de Sherif

Sentiment d'appartenance et cohésion sont étroitement liés.

Principes dégagés

  1. Objectifs communs → rassemblent (cohésion)
  2. Objectifs divergents → opposent (conflit)
  3. Buts supra-ordonnés → peuvent réduire les tensions intergroupes

Applications pratiques

Principe : On ne réduit pas les tensions en niant les différences, mais en créant une interdépendance positive autour d'objectifs partagés.

Groupes Primaires vs Secondaires (Cooley, 1909)

Groupes primaires

Caractéristiques

Fonction

Apporte soutien et équilibre à l'individu

Exemples

Groupes secondaires

Caractéristiques

Fonction

Remplir un but, une tâche

Exemples

Distinction clé

Deux axes principaux

1. Intimité vs Formalité des relations

2. Affect vs Tâche comme moteur

Nuance importante

On peut se sentir isolé dans une grande organisation (groupe secondaire) malgré de nombreux contacts.

Explication : Les contacts sont nombreux mais impersonnels. Pas de liens affectifs profonds.

Superposition possible

Dans des groupes secondaires (ex: entreprise) peuvent se superposer des groupes primaires (collègues partageant des affinités).

Exemple :

Questions fondamentales et Saillance

Qu'est-ce qu'un groupe ?

Trois questions initiales

  1. Une présence commune suffit-elle ?
  2. Faut-il une communication ?
  3. Faut-il un sentiment d'appartenance ?

Constat : Un regroupement de personnes ne constitue pas forcément un groupe s'il n'y a pas de sentiment d'appartenance.

Cependant, même dans un agrégat physique, la simple proximité (co-présence) implique des processus psychosociaux.

Distinction : Présence vs Interaction

AVEC Co-Présence

+ Interaction :

Sans Interaction :

SANS Co-Présence (Absence physique)

+ Interaction :

Sans Interaction :

Le concept de saillance

Définition : Une caractéristique est saillante quand elle est perçue comme vraiment importante par les membres.

Distinction clé

PAS un groupe : Tous les gens nés un mardi → Critère non saillant (pas important pour les gens)

Groupe potentiel : Tous les étudiants de psycho L2 → Si l'identité "étudiant psy" est saillante pour vous

Principe : La saillance détermine si une catégorie devient un groupe psychologique.

Recherche d'affiliation

Question centrale

Pourquoi cherchons-nous à nous affilier à un groupe ?

Trois explications

1. La cohésion

Conséquence d'attractions interpersonnelles

2. La recherche d'une identité

(voir Partie 2 du cours - Identité Sociale)

3. Combler certains besoins

Dans des situations insatisfaisantes ou menaçantes :

Expérience de Stanley Schachter (1959)

Protocole

Participants : Étudiants

Manipulation :

Variable Indépendante (VI) :

Mesure : On annonce une "petite attente" aux participants

Variable Dépendante (VD) :

Résultats

Modalité 1 (Forte Anxiété) : 63% veulent attendre en groupe

Modalité 2 (Faible Anxiété) : 36% veulent attendre en groupe

Conclusion

L'anxiété augmente le besoin d'affiliation.

Plus on est anxieux, plus on cherche la présence des autres.

L'affect dans les groupes

Principe de base

Les membres du groupe sont poussés à faire des compromis et à négocier pour prendre des décisions.

Les événements (plaisants et déplaisants) font que le groupe traverse des tensions positives et négatives.

Deux types de communication (Bales)

Bales étudie la communication dans les groupes et définit deux types :

1. Aire socio-opératoire

Liée au fonctionnement du groupe

2. Aire socio-affective

Liée aux relations entre membres

Importance de l'équilibre

Un groupe efficace doit gérer les deux aires :

Application pratique

Travaux de groupe à l'université :

→ Oscillation constante entre aire socio-opératoire et socio-affective

Groupes Formels vs Informels (Mayo)

Groupes formels

Contexte : Études de Mayo à la Western Electric Company

Caractéristiques

Activité du groupe

Une part de l'activité constitue ce remplacement :

Exemples

Groupes informels

Contexte : Découverts par Mayo lors de ses études

Caractéristiques

Exemples

⚠️ Important : Superposition

Dans des groupes formels (ex: entreprise) peuvent se superposer des groupes informels (collègues partageant des affinités).

Implications pratiques

Dans une organisation

Groupe formel :

Groupe informel (superposé) :

Pourquoi c'est important ?

Explique pourquoi

Principe : Pour comprendre un groupe, il faut voir :

Facteurs de cohésion

Facteurs qui augmentent la cohésion

1. L'homogénéité (Adams, 1953)

Attraction par des membres de statut équivalent

2. La menace externe (Stein, 1976)

Augmente la cohésion intragroupe

⚠️ MAIS la compétition intragroupe la diminue

4. Partage d'attitudes semblables

Valeurs et activités communes

5. But commun partagé

Objectif qui rassemble tous les membres

6. Taille du groupe

Plus petit = plus cohésif

7. Communication

Possibilités d'échange (réseaux de communication)

8. Réussite du groupe

Les victoires renforcent la cohésion

Principe clé

La cohésion varie selon les circonstances.

Un groupe peut être :

La cohésion n'est pas stable, elle évolue avec le contexte.

Critères d'existence d'un groupe

Les 5 critères nécessaires

Pour qu'un groupe existe véritablement, il doit présenter :

1. Contour défini

Distinction claire entre membres et non-membres

2. Perception extérieure

Être perçu comme une entité par les autres (de l'extérieur)

3. Organisation sociale

Structure reconnaissable, hiérarchie visible

4. Interdépendance

Dans l'atteinte d'un objectif commun

5. Rôles définis

Distribution des fonctions entre membres

Principe clé

Si l'un de ces critères manque → on a un agrégat, pas un véritable groupe.

Question moderne

Quid de la non-présence avec interactions ?

Réponse

Ces configurations peuvent être des groupes si les 5 critères sont remplis, notamment :

La co-présence physique n'est pas obligatoire pour constituer un groupe psychologique.

Taille d'un groupe

Minimum

Selon Tajfel : Un groupe existe à partir de 3 personnes

Pourquoi pas 2 ?

Maximum

La taille maximum ne fait pas l'unanimité en psychologie sociale.

Consensus général : Entre 10 et 20 personnes selon les chercheurs

Explication de la limite supérieure

Cette limite s'explique par les contraintes d'interaction directe :

Au-delà de 20 personnes, il devient difficile de maintenir des relations interpersonnelles significatives avec chaque membre.

Implications

Groupe trop petit (2 personnes)

Groupe optimal (3-20 personnes)

Groupe trop grand (>20 personnes)

Note importante

Ces chiffres sont des indications générales.

La taille optimale dépend aussi :

Groupe d'Appartenance vs Groupe de Référence

Observation fondamentale (Hyman, 1942)

Quand on demande aux gens de se définir par des groupes, ils se définissent par des groupes auxquels ils n'appartiennent pas.

Ces groupes servent de cadre de référence.

Groupe de référence

Définition

Groupe réel ou imaginaire auquel se réfère l'individu.

Exemples

Socialisation anticipatrice (Merton, 1957)

Définition : La personne assimile les normes, codes et valeurs d'un groupe de référence en vue de l'intégrer ultérieurement.

Exemple concret : Un étudiant en médecine adopte déjà certains comportements "de médecin" avant même d'exercer → socialisation par anticipation.

Rôle protecteur

Le groupe de référence protège face à l'influence sociale.

Si ton groupe de référence a certaines valeurs, tu résistes à l'influence d'autres groupes.

Groupe d'appartenance

Définition

Le groupe auquel on appartient réellement, objectivement.

Exemples :

Conséquence importante

Si groupe d'appartenance ≠ groupe de référence

→ L'individu est dans une stratégie de mobilité sociale

Explication :

Fonctions du groupe de référence (Kelley, 1952)

1. Fonction normative

La personne s'approprie les normes du groupe modèle :

2. Fonction évaluative (comparative)

L'individu s'évalue par comparaison avec les membres jugés favorablement :

→ Voir Zone 1.6 sur la Comparaison Sociale (Festinger, 1954)

Définition et effets de la cohésion

ZONE 1.2 - SOUS-CARTE A

"Définition et effets de la cohésion"

Définition de Festinger (1952)

"La cohésion de groupe est la somme de tout es les forces agissant sur les membres du groupe afin de les y maintenir."

Deux dimensions de la cohésion

  1. L'attraction du groupe pour l'individu → Le groupe attire la personne
  2. La satisfaction d'en être membre → La personne est contente d'y appartenir

Ces deux dimensions se rejoignent dans l'attraction interpersonnelle.

Effets de la cohésion

Effets positifs

1. Réduit le Turn-Over (rotation du personnel)

2. Augmente le moral et la satisfaction des membres

3. Augmente le rendement et la productivité face aux objectifs

4. Accentue la conformité aux normes du groupe

Effets variables

⚠️ Attention : Cet effet peut aussi s'inverser !

La cohésion amplifie les dynamiques du groupe (positives ou négatives).

Définition formelle (Festinger, 1950)

"La cohésion renvoie à l'ensemble des forces qui agissent sur les membres d'un groupe pour qu'ils restent dans le groupe et résistent aux forces de désintégration."

Principe : Chaque groupe a une structure spécifique dépendant des réseaux d'attraction et de répulsion interpersonnelles.

Définitions et Interdépendance

Définition synthétique du groupe

Un groupe se caractérise par trois éléments fondamentaux :

  1. Interdépendance des membres
  2. Action commune partagée
  3. But ou objectif qui les rassemble

Citation CRUCIALE de Lewin (1940)

"Un groupe est plus que, ou plus exactement, différent de la somme de ses membres. Il a sa propre structure, et des relations propres avec d'autres groupes. L'essence du groupe n'est pas la similarité ni la dissimilarité de ses membres, mais leur interdépendance."

Principe de Lewin

"Le tout est différent de la somme des parties"

Explication : 5 musiciens jouant chacun dans leur coin ≠ un groupe de musique → Ensemble, ils créent une harmonie impossible individuellement

Totalité dynamique (Lewin)

Définition : Un changement d'un élément (une personne) génère un changement dans l'ensemble du système (le groupe), et dans chaque autre élément (sur chaque autre personne).

Effet domino

Un élément modifié = tout le système modifié

Autres définitions importantes

Paulus (1989)

"Deux personnes ou plus qui entrent en interaction, qui ont des buts communs, qui entretiennent une relation relativement stable, qui présentent une certaine interdépendance et qui se perçoivent comme faisant partie d'un groupe."

Kelley & Thibaut (1959)

"Un ensemble d'individus devient un groupe dans la mesure où les membres acceptent une tâche commune, deviennent interdépendants et interagissent pour la réaliser."

Modèle Cyclique de Worchel (1999)

Principes du modèle

Citation de Worchel (1999, p. 69)

"Ces étapes affectent le comportement des membres du groupe et les relations entre les groupes en sont affectées en retour par le comportement des membres et les relations intergroupes."

Les 4 phases du cycle

PHASE 1 : IDENTIFICATION

Recherche d'une nouvelle identité

Résultats :

PHASE 2 : PRODUCTIVITÉ

Concentration sur les objectifs

C'est la phase la plus efficace du groupe.

PHASE 3 : INDIVIDUATION

Différenciation des rôles et statuts

⚠️ Risque de conflits :

Cette phase peut mener à la Phase 4 (Déclin) si les conflits ne sont pas résolus.

PHASE 4 : DÉCLIN ET DIVISION DU GROUPE

Fin du groupe

Issues possibles :

Aspect cyclique

Le modèle est cyclique : un groupe peut :

Distinction avec autres agrégats sociaux

Définition de Homans (1950)

"Un certain nombre de personnes qui communiquent entre elles pendant une certaine période et assez peu nombreuses pour que chacune puisse communiquer avec toutes les autres, non pas par personnes interposées, mais face à face."

Cette définition rapporte la notion de groupe à une entité réduite avec de fortes interactions entre chaque membre.

Il faut distinguer le groupe d'autres configurations sociales

Les groupements sociaux (Fichter, 1957)

Définition : Individus qui se rejoignent à un moment donné et coopèrent pour satisfaire certains besoins.

Types de groupements

1. Familial

2. Éducatifs

3. Économiques

4. Politiques

5. Religieux

6. Récréatifs

Distinction clé

Les groupements sociaux sont des catégories larges qui regroupent plusieurs groupes spécifiques.

Exemple :

PARTIE 10: THÉORIES DE L'IDENTITÉ SOCIALE

PARTIE 2 : COHESION & AFFILIATION

Vue d'ensemble

Cette zone explore :

Concepts clés

Auteurs principaux

PARTIE 3 : CYCLE DE VIE DU GROUPE

Vue d'ensemble

Cette zone explore :

Concepts clés

Deux modèles complémentaires

Modèle 1 - Moreland & Levine (1982) : Point de vue individuel → Comment une personne entre et sort d'un groupe

Modèle 2 - Worchel (1999) : Point de vue collectif → Comment le groupe évolue en tant qu'entité

Auteurs principaux

Structure de cette zone

Sous-carte A : Le groupe et l'individu (fonction temporaire)Sous-carte B : Phases d'intégration (Moreland & Levine)Sous-carte C : Modèle Cyclique de Worchel (4 phases)Sous-carte D : Rôles et Statuts (évolution dans le temps)

Connexions

Zone 1.7 : Développement des rôles et statuts → Zone 3.1 : Les conflits apparaissent souvent en Phase 3 (Individuation)

Disposition OrgPad :

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A B C D

Rôles et Statuts

Définition du rôle (Moreno, 1965)

"La manière d'être et d'agir que l'individu assume au moment précis où il réagit à une situation donnée dans laquelle d'autres objets ou personnes sont engagées."

3 dimensions du rôle

1. Rôle prescrit

Ce qui est officiellement attendu

2. Rôle attendu

Ce que les autres espèrent réellement

3. Rôle joué

Ce que la personne fait vraiment

⚠️ Les 3 ne correspondent pas toujours !

Le statut

Définition

Le statut renvoie à la position de l'individu dans le groupe et implique une notion de hiérarchie.

Exemple : Le statut cadre dans une entreprise (ne dit rien du rôle et des fonctions qu'il remplit)

Deux types de statut

1. Statuts assignés ou imposés

2. Statuts acquis

Deux aspects du statut

1. Aspect prescriptif

2. Aspect évaluatif

Évolution dans le temps

Rôle et statuts varient au cours du temps

Exemples :

Conséquence :

Le groupe doit s'adapter à ces changements de rôles et statuts.

⚠️ Divergence entre attentes du groupe et comportement → conflit de rôle (voir Zone 1.7)

La foule - Définitions et caractéristiques

Question d'introduction

Pourquoi les portes incendies s'ouvrent-elles toujours vers l'extérieur ?

Réponse : À cause des phénomènes de foule et de panique qui poussent les gens vers la sortie, rendant impossible l'ouverture d'une porte qui s'ouvre vers l'intérieur.

Caractéristiques des foules

1. Rassemblement d'un grand nombre de personnes

Dans un même lieu

2. Proximité physique importante

Les gens sont serrés les uns contre les autres

3. Relations et communications réduites

Peu d'interactions verbales malgré la proximité

Définition de Le Bon (1895)

"La personnalité consciente s'évanouit, les sentiments et les idées de toutes les unités sont orientés dans une même direction. Il se forme une âme collective, transitoire sans doute, mais présentant des caractères très nets."

Principe clé

En foule, l'individu :

Contexte historique

Les études sur les foules ont émergé à la fin du XIXème siècle (Le Bon, Tarde, 1895) suite aux phénomènes de foule lors :

Question de l'époque : Comment expliquer que des personnes "normales" deviennent violentes en foule ?

PARTIE 1 : LE GROUPE

ZONE 1.1 : FONDEMENTS DU GROUPE

CARTE PRINCIPALE

Titre : 1.1 - Fondements du Groupe

Vue d'ensemble

Cette zone explore les questions fondamentales :

Concepts clés

PARTIE 4 LES TYPES DE GROUPES

Vue d'ensemble

Cette zone explore :

Concepts clés

Auteurs principaux

Structure de cette zone

Sous-carte A : Distinction avec autres agrégats (Homans, Fichter)Sous-carte B : Taille d'un groupeSous-carte C : Primaires vs Secondaires (Cooley)Sous-carte D : Formels vs Informels (Mayo)Sous-carte E : Appartenance vs Référence (Hyman, Kelley, Merton)

Connexions

Zone 1.1 : Les critères d'existence permettent de distinguer les types → Zone 1.6 : Le groupe de référence sert de base à la comparaison sociale

Disposition OrgPad :

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Phases d'intégration (Moreland & Levine, 1982)

Ce modèle décrit comment un individu s'intègre puis quitte un groupe.

Perspective : Point de vue de la personne (pas du groupe)

Les 5 phases

1. Investigation

Recherche d'information et évaluation

L'individu :

2. Socialisation

Intériorisation des normes et des valeurs

L'individu :

3. Maintien

Individu et groupe négocient leurs positions et rôles

Cette phase se termine quand il y a divergence entre la personne et le groupe sur la distribution des rôles.

4. Resocialisation

Mise à l'écart de l'individu afin qu'il redéfinisse son rôle

Deux issues possibles :

5. Souvenir

L'individu est en dehors du groupe

Exemple : Dans 15 ans, vous vous souviendrez des moments avec votre promotion de psychologie.

Principe clé

Chaque phase est une transition marquée par une décision :

Identité sociale vs Identité personnelle

Distinction fondamentale

Identité sociale

Définition : La part de notre identité qui vient de nos appartenances à des groupes.

Caractéristiques :

Exemples :

Identité personnelle

Définition : La part de notre identité qui nous distingue des autres membres de nos groupes.

Caractéristiques :

Exemples :

Pourquoi l'identité sociale vient en premier ?

Selon Turner (1982)

Le groupe ne répond pas à la question : ❌ "Est-ce que j'aime ces personnes ?"

Le groupe répond à la question : ✅ "Qui suis-je ?"

Fonction de l'identité sociale

Maintenir une identité positive

L'identification au groupe permet au sujet de tenter d'obtenir une image de soi positive.

Principe :Valoriser son groupe = se valoriser soi-même

Exemple :

Approche catégorielle de l'identité

Cette approche de l'identité est dite "catégorielle".

Principe :Identité = Catégorie sociale

L'identité sociale est fondée sur la notion d'identification au groupe.

Ce groupe est un "construct" (produit) de l'activité mentale.

Principe clé

Une catégorie de personnes ne définit pas un groupe en soi, mais plutôt le sentiment d'appartenance.

Exemple :

Théorie des Fules (Le Bon & Tarde, 1895)

Constat de base

Théorie

État similaire à l'hypnose

L'individu en foule serait dans un état similaire à celui de l'hypnose :

Inventeurs et imitateurs

Il y aurait des "inventeurs" qui initient le mouvement, et des "imitateurs" qui le suivent.

Caractéristiques de la foule selon Tarde & Le Bon

1. Comportement passif

Envers tout ce qui ne répond pas à leur motivation individuelle

2. Faible niveau d'échanges sociaux

Peu de communication verbale malgré la proximité

3. Affaiblit l'inhibition et le contrôle de soi

Les barrières morales tombent

4. Prévalence de l'affect sur la raison

Les émotions dominent la réflexion

5. Contagion des émotions

Les émotions se propagent rapidement dans la foule

6. Stimulation latente

Peut s'exprimer par une explosion d'enthousiasme ou de violence

7. Désindividuation des comportements

Dilution de responsabilité

Exemple

Les manifestations politiques pacifistes qui finissent par des accès de violence, des magasins vandalisés.

Principe de Le Bon & Tarde

"Le tout est moins que la somme des parties"

Explication :

L'individu dans une foule est moins que ce qu'il est individuellement.

Ses fonctions cognitives et capacités sont réduites à un stade :

⚠️ Vision très négative de la foule

PARTIE 5 : FOULES ET MASSES

ZONE 1.5 : FOULES ET MASSES

Couleur : ORANGE | Partie 1 : LE GROUPE

CARTE PRINCIPALE

Titre : 1.5 - Foules et Masses : Phénomènes de Groupe Extrêmes

Vue d'ensemble

Cette zone explore les phénomènes de groupe extrêmes :

Concepts clés

Auteurs principaux

Structure de cette zone

Sous-carte A : La foule - Définitions et caractéristiquesSous-carte B : Théorie des Foules (Le Bon & Tarde)Sous-carte C : Foules selon Moscovici (naturelle vs artificielle)Sous-carte D : Autres théories (Freud, Allport)Sous-carte E : Désindividuation (Festinger, 1952)Sous-carte F : Les MassesSous-carte G : Distinction Foule vs Masse

Connexions

Zone 1.7 : La désindividuation liée aux rôles (Zimbardo) → Zone 1.8 : Les normes sont "mises en veille" en foule

Disposition OrgPad :

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PARTIE 6 : COMPARAISON SOCIALE

Vue d'ensemble

Cette zone explore :

Concept clé

Théorie de la Comparaison Sociale (Festinger, 1954)

L'individu a besoin de s'auto-évaluer. En l'absence de critères objectifs, il a recours à la comparaison avec autrui.

Auteur principal

Festinger (1954)

Structure de cette zone

Sous-carte A : Principe de base de la théorieSous-carte B : Les 3 types de comparaisonsSous-carte C : Pression à l'uniformitéSous-carte D : Fonction comparative du groupe de référence

Connexions

Zone 1.4 : Le groupe de référence (Kelley) a une fonction comparative → Zone 2.2 : La comparaison sociale sert à maintenir une identité positive (Tajfel)

Disposition OrgPad :

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PARTIE 7 : RÔLES, STATUTS ET POUVOIR DES CONTEXTES

Vue d'ensemble

Cette zone explore :

Concepts clés

Auteurs principaux

Structure de cette zone

Sous-carte A : Définitions rôle et statutSous-carte B : Évolution et conflits de rôleSous-carte C : Expérience de Stanford (Zimbardo, 1971)Sous-carte D : Désindividuation et anonymat (Zimbardo, 1969)Sous-carte E : Effet des costumes (Johnson & Downing, 1979)

Connexions

Zone 1.3 : Rôles et statuts évoluent dans le cycle de vie du groupe → Zone 1.5 : La désindividuation vue dans les foules

Disposition OrgPad :

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A B C D E

PARTIE 8 : NORMES ET CONFORMISME

Vue d'ensemble

Cette zone explore :

Concepts clés

Auteurs principaux

Principe fondamental (Oberlé, 2004)

Citation clé d'Oberlé (2004)

"Le groupe est le lieu où s'élabore l'identité."

Explication

Le groupe comme constructeur d'identité

Le groupe n'est pas seulement un rassemblement de personnes.C'est un espace psychologique où se construit notre sens de "qui nous sommes".

Réponse à la question centrale

Pourquoi les résultats au test "Qui suis-je ?" montrent-ils que nous nous définissons d'abord par nos groupes ?

Réponse :

Parce que c'est un moyen pour nous de maintenir une identité positive, une bonne estime de soi et une bonne image de soi.

Mécanisme

Processus d'identification

1. Je m'identifie à un groupe "Je suis étudiant en psychologie"

2. Je valorise ce groupe "Les étudiants en psycho sont intelligents et empathiques"

3. Je me valorise par extension "Donc je suis intelligent et empathique"

Besoin fondamental

Le besoin de sentiment d'appartenance à un groupe répond à un besoin fondamental :

Maintenir une identité sociale positive

Implications

L'identité est sociale avant d'être individuelle

Notre identité se construit d'abord dans nos relations aux groupes, puis dans notre individualité.

Le groupe précède l'individu

Dans la construction identitaire, l'appartenance groupale est première, l'individualité est seconde.

 

Le groupe et l'individu

Points clés

1. Fonction différente pour chaque membre

Le groupe remplit toujours une fonction différente pour chacun de ses membres.

Exemple : Dans un groupe de musique :

Chacun utilise le groupe pour accomplir son projet personnel.

2. Le groupe est un moyen

Le groupe est un moyen d'accomplir un projet pour l'individu.

Le groupe n'est pas une fin en soi, mais un outil au service des buts individuels (qui convergent vers un but collectif).

3. Le groupe est temporaire

Le groupe a un début et une fin.

Implications

Pour l'individu

Pour le groupe

Souvenir du groupe

Dans 15 ans, vous vous souviendrez des moments avec votre promotion d'étudiants de psychologie.

Le groupe aura disparu, mais le souvenir persiste (voir Phase 5 de Moreland & Levine).

PARTIE 9 : CONSTRUCTION DE L'IDENTITÉ SOCIALE

Vue d'ensemble

Cette partie explore la question centrale :

Pourquoi nous nous définissons d'abord par nos groupes d'appartenance (identité sociale) plutôt que par nos caractéristiques individuelles (identité personnelle) ?

Réponse : Pour maintenir une identité positive, une bonne estime de soi et une bonne image de soi.

Question de départ : Test du "Qui suis-je ?"

Observation fondamentale (Kuhn & McPartland, 1954) :

Quand on demande aux gens de se définir 20 fois ("Je suis..."), ils utilisent d'abord des étiquettes groupales (identité sociale) avant les caractéristiques personnelles.

Exemples :

Ce n'est que vers la fin qu'apparaissent les traits personnels ("Je suis créatif", "Je suis timide"

Foules selon Moscovici (1981)

Moscovici distingue deux types de foules

Foule naturelle (ou spontanée)

Définition

Rassemblement d'individus physiques à un endroit donné pour une raison qui les touche tous.

Caractéristiques

Principe

La foule naturelle est réactive : elle réagit à un événement extérieur imprévu.

Foule artificielle (ou organisée)

Définition

Foule organisée et disciplinée. Ses membres ne sont pas forcément présents physiquement entre eux.

Caractéristiques

Principe

La foule artificielle est proactive : elle est organisée intentionnellement pour un but précis.

Différence clé

Foule naturelle :

Foule artificielle :

Note importante

Cette distinction n'est pas toujours nette. Une foule peut commencer naturelle (réaction spontanée) puis devenir organisée.

Les 3 types de comparaisons

1. Comparaisons ascendantes

Définition

Avec des personnes jugées supérieures selon le critère d'évaluation.

Fonction

Conséquence possible

⚠️ Peut entraîner une baisse d'estime de soi si l'écart est trop grand.

Exemple

Un coureur amateur se compare aux athlètes olympiques.

2. Comparaisons descendantes

Définition

Avec des personnes estimées inférieures selon le critère d'évaluation.

Fonction

Conséquence

✅ Augmente l'estime de soi.

Exemple

Le même coureur se compare à ceux qui ne font pas de sport.

3. Comparaisons latérales

Définition

Avec des semblables selon le critère d'évaluation.

Souvent : même âge, même sexe, même situation.

Fonction

Conséquence

Permet une auto-évaluation précise.

Exemple

Le coureur se compare à d'autres amateurs de son âge et niveau.

Application pratique : Un coureur amateur

Comparaison ascendante :

Comparaison descendante :

Comparaison latérale :

Principe clé

Chaque type de comparaison a une fonction psychologique différente.

L'individu utilise stratégiquement différents types de comparaisons selon ses besoins du moment :

Test du Qui suis-je ? (Kuhn & McPartland, 1954)

Protocole

Consigne

Répondez 20 fois à la question "Qui suis-je ?"

Format

Résultats observés

Observation principale

Dans l'immense majorité des cas, les gens se définissent avant tout par des étiquettes groupalesl'identité sociale

Exemples de réponses typiques (en premier) :

Observation secondaire

C'est seulement lors des dernières réponses que viennent les caractéristiques intrinsèquement personnelles → l'identité personnelle

Exemples de réponses typiques (en dernier) :

Interprétation

Révèle la hiérarchie identitaire

Ce test révèle que nous nous définissons d'abord par nos appartenances sociales (genre, profession, nationalité) avant nos traits individuels (qualités, défauts personnels).

Cette hiérarchie n'est pas anodine

Elle montre l'importance fondamentale du groupe dans la construction de notre identité.

Catégories de réponses

Le test permet d'identifier 3 types d'identité :

1. Identité sociale

Catégories sociales : étudiant, français, femme/homme

2. Identité relationnelle

Rôles : fils/fille, ami(e), collègue

3. Identité personnelle

Traits de personnalité : gentil, curieux, ambitieux

Analyse

Le ratio entre ces 3 types indique le poids de l'appartenance groupale dans l'identité.

Plus on utilise de catégories sociales → Plus l'identité sociale est importante pour nous.

Désindividuation (Festinger, 1952)

Définition

Perte de la conscience de soi, du sentiment d'unicité et du sens de l'individualité.

Principe de base

En foule, l'individu est anonyme et perd son individualité.

L'unité du groupe et l'excitation affaiblissent les contrôles personnels :

Résultat : Les normes sociales seraient alors "mises en veille".

Expérience de Festinger sur l'anonymat

Protocole

Variable Indépendante (VI) :

Variable Dépendante (VD) :

Résultats

Corrélation entre l'anonymat et le nombre de commentaires hostiles vis-à-vis des parents.

Plus l'anonymat est élevé, plus les commentaires hostiles augmentent.

Conclusion de Festinger

Les individus en groupe n'auraient pas le même comportement que seuls parce qu'ils ne ressentent pas leur comportement comme individuel.

Facteurs de désindividuation identifiés

  1. Le rôle social (voir Zone 1.7 - Zimbardo)
  2. L'excitation
  3. L'alcool
  4. La drogue
  5. L'anonymat

Obstacles au sentiment d'unicité

Festinger énumère différentes caractéristiques comme :

Ces éléments sont des obstacles au sentiment d'unicité.

Conséquences

Ses études montrent que la désindividuation en foule :

Lien avec les normes

La désindividuation met les normes sociales en veille.

Les comportements normalement interdits deviennent possibles car :

Fonction comparative du groupe de référence

Rappel : Groupe de référence (Kelley, 1952)

Voir Zone 1.4 pour définition complète

Le groupe de référence a deux fonctions :

  1. Fonction normative
  2. Fonction évaluative (comparative) ← nous sommes ici

Fonction évaluative (comparative)

Principe

L'individu s'évalue par comparaison avec les membres du groupe de référence jugés favorablement.

Rôle du groupe de référence

Point de comparaison qui délimite :

Utilisation de cette fonction

Permet de s'évaluer soi

Question : "Est-ce que je suis bon ?"

Réponse : Par comparaison avec le groupe de référence.

Exemple :

Permet d'évaluer autrui

Question : "Est-ce qu'il/elle est bon(ne) ?"

Réponse : Par comparaison avec le groupe de référence.

Permet d'ajuster son comportement

En fonction de l'écart constaté avec le groupe de référence :

Lien avec la Théorie de Festinger (1954)

La fonction comparative du groupe de référence (Kelley, 1952) s'inscrit dans la Théorie de la Comparaison Sociale (Festinger, 1954).

Festinger explique POURQUOI nous comparons (besoin d'auto-évaluation)

Kelley explique AVEC QUI nous comparons (le groupe de référence)

Exemple concret

Étudiant en médecine :

→ Socialisation anticipatrice (Merton, 1957 - voir Zone 1.4)

Fonctions des normes

Les 3 fonctions principales

1. Réduction de l'ambiguïté et de l'incertitude

Principe

Les normes réduisent l'incertitude sur comment se comporter.

Mécanisme

En définissant ce qui est attendu, les normes nous guident dans les situations ambiguës.

Exemple

2. Évitement du conflit

Principe

Les normes permettent d'accepter des positions contraires à celles habituellement partagées, pour éviter le conflit.

Mécanisme

Plutôt que de s'opposer frontalement, on accepte un compromis basé sur la norme.

Exemple

3. Processus de négociation

Principe

Acceptation du plus petit dénominateur commun via petites concessions réciproques.

Avantage

Coût psychologique faible : petites concessions progressives plutôt qu'un grand changement brutal.

Exemple

Fonctions spécifiques (Feldman, 1984 ; Spich & Keleman, 1985)

A. Contrôler l'environnement

Rendre l'environnement prévisiblesimplification des interactions sociales.

On sait à quoi s'attendre.

B. Systèmes d'évitement

Établir des sujets à éviter (sujets délicats).

Exemples :

C. Établir les particularités du groupe

Définir :

Résultat : Les normes distinguent le groupe des autres groupes.

Principe général

Les normes sont des outils sociaux qui facilitent la vie en groupe en :

Sans normes, la vie sociale serait chaotique et imprévisible.

Définition et caractéristiquesn des normes

Définition synthétique (Fischer, 2020)

« Une norme peut être définie comme un type de pression cognitive et psychosociale se référant à des valeurs dominantes et des opinions partagées dans une société ; elle s'exprime sous forme de règles de conduite plus ou moins explicite en vue d'obtenir des comportements appropriés socialement. »

Définition simple

Attentes partagées sur le comportement jugé désirable et acceptable.

Les normes indiquent une manière d'agir dans une situation donnée.

⚠️ Rappel important

Normes ≠ Règles

Normes :

Règles :

Caractéristiques des normes (Feldman, 1984 ; Spich & Keleman, 1985)

1. Transgressables en stabilité, mais pas en crise

Certaines normes peuvent être transgressées en période calme, mais deviennent strictes en période de crise.

Exemple :

2. Permettent de contrôler l'environnement

Les normes rendent l'environnement prévisible.

Résultat : Simplification des interactions sociales.

On sait à quoi s'attendre → moins d'incertitude.

3. Systèmes d'évitement

Les normes établissent des sujets à éviter (sujets délicats).

Exemples :

4. Établissent les particularités du groupe

Les normes définissent :

Résultat : Distinguent le groupe des autres groupes.

Travaux initiaux

Les études sur les normes ont été initiées par :

Le Processus de Négociation

DÉFINITION

Le processus de négociation se caractérise par des échanges qui ont pour but de régler les problèmes à partir des intérêts, droits et revendications de chacun.

La négociation aboutit après avoir déterminé les modalités acceptables pour les deux parties.

CARACTÉRISTIQUES

1. Révélation des dynamiques

C'est dans ces phases de résolution que les dynamiques propres sont dévoilées :

2. Objectif

Trouver un terrain d'entente acceptable pour toutes les parties impliquées dans le conflit.

3. Base de l'échange

La négociation repose sur :

RÉFÉRENCES

Thomas & Pondy (1977) : Modèle d'intention dans la gestion des conflits entre parties principales

Crozier & Friedberg (1977) : L'acteur et le système - analyse des stratégies d'acteurs dans les organisations

Théorie de la Comparaison Sociale (Festinger, 1954)

Principe fondamental

L'individu a besoin de s'auto-évaluer.

En l'absence de critères objectifs, il a recours à la comparaison avec autrui.

Fonctionnement permanent

La fonction comparative intervient en permanence au quotidien.

Nous nous comparons constamment aux autres sur :

Pourquoi se comparer ?

Besoin d'auto-évaluation

L'être humain a un besoin fondamental de savoir où il se situe :

Absence de critères objectifs

Souvent, il n'existe pas de critère objectif absolu pour s'évaluer.

Exemples :

Fonction du groupe

Le groupe sert de point de référence pour ces comparaisons.

→ Lien avec Kelley (1952) et la fonction comparative du groupe de référence (voir Zone 1.4)

Définitions : Rôle et Statut

Le rôle

Définition de Moreno (1965)

"La manière d'être et d'agir que l'individu assume au moment précis où il réagit à une situation donnée dans laquelle d'autres objets ou personnes sont engagées."

Définition de Maisonneuve (1980)

"L'ensemble des conduites requises, attendues ou jouées par un sujet en fonction de sa position dans un système donné."

3 dimensions du rôle

1. Rôle prescrit

Ce qui est officiellement attendu

Exemple : Un professeur doit enseigner (rôle prescrit dans le contrat)

2. Rôle attendu

Ce que les autres espèrent réellement

Exemple : Les étudiants attendent aussi que le prof soit disponible, compréhensif

3. Rôle joué

Ce que la personne fait vraiment

Exemple : Le prof peut être plus ou moins disponible en réalité

⚠️ Important

Les 3 dimensions ne correspondent pas toujours !

C'est cette non-correspondance qui crée les conflits de rôle (voir sous-carte B).

Le statut

Définition de Maisonneuve (1980)

"La position officielle, institutionnalisée ou socialement reconnue, d'un individu dans un système organisé ou hiérarchisé."

Plus simplement : Position objective occupée en fonction du niveau social.

Le statut renvoie à la position de l'individu dans le groupe et implique une notion de hiérarchie.

Distinction rôle vs statut

Statut : Position objective (cadre, employé, étudiant)

Rôle : Aspect dynamique et subjectif du statut (ce qu'on fait concrètement)

Exemple :

Le statut ne dit rien du rôle et des fonctions qu'il remplit.

Deux types de statut

1. Statuts assignés ou imposés

L'individu ne les choisit pas

Exemples :

2. Statuts acquis

L'individu les choisit

Exemples :

Deux aspects du statut

1. Aspect prescriptif

Ce qu'on attend de cette personne

2. Aspect évaluatif

Le rang dans une échelle sociale

Conformisme (Asch, 1951)

 

Contexte

Question : Les gens se conforment-ils au groupe même quand la réponse est évidente ?

Protocole

Tâche

Quelle barre est de longueur égale ?

Présentation de barres de longueurs différentes. La réponse est évidente visuellement.

Composition du groupe

Manipulation

Les compères donnent tous une mauvaise réponse (volontairement).

Le sujet naïf répond en dernier.

Variable Dépendante (VD)

Est-ce que le sujet naïf :

Résultats

Conformisme dans ~37% des essais critiques

Environ 1/3 des participants se conforment à la mauvaise réponse du groupe, malgré l'évidence perceptive.

Explication

Pression du groupe

Même quand la réponse est objectivement claire, la pression sociale peut nous faire douter de notre jugement.

Mécanismes

1. Doute de soi

2. Peur du rejet

3. Besoin d'appartenance

Distinction avec Sherif

Sherif (normalisation) :

Asch (conformisme) :

Variables modératrices

Le conformisme augmente quand :

Le conformisme diminue quand :

Implications

Puissance de la pression sociale

Même des évidences perceptives peuvent être remises en question sous la pression du groupe.

Applications pratiques

Autres théories des foules

Psychologie des masses et Analyse du moi (Freud, 1920)

Contexte

Freud analyse l'Armée et l'Église comme exemples de masses organisées.

Perspective psychanalytique

Freud s'intéresse aux conséquences de la foule sur le "moi", au niveau individuel.

Mécanismes identifiés

1. Lien libidinal avec le meneur

2. Lien affectif

3. Identification au meneur par idéalisation

Principe

Pour Freud, la foule fait régresser l'individu à un stade psychologique primitif.

→ Mécanismes inconscients dans les groupes (voir Anzieu, 1972 ; Kaës, 1982)

Théorie de la Convergence (Allport, 1924)

Citation clé

"Un individu dans une foule se comporte comme il se comporterait seul, mais encore plus."

Principes

1. Le comportement de foule n'est pas irrationnel

L'individu ne devient pas "fou" en foule.

2. L'individu exprime ses croyances et valeurs existantes

La foule révèle ce qui était déjà présent, elle ne crée pas de nouvelles tendances.

3. Produit rationnel généralisé

La réaction de la foule est le produit rationnel généralisé de sentiments populaires.

Opposition à Le Bon & Tarde

Allport s'oppose à la vision de Le Bon et Tarde :

Le Bon & Tarde :

Allport :

Conclusion

Deux visions opposées de la foule :

Les Masses

Définition

Agrégat social dont les éléments sont isolés.

Caractéristiques

1. Composition hétérogène

Grande diversité de profils

2. Grande diversité sur les critères relatifs au statut social

Pas d'homogénéité sociale

3. Variation des normes sociales existantes

Les normes ne sont jamais partagées par l'ensemble des personnes

4. Changements rapides de comportement

Cette variation implique de rapides changements de comportement des masses

5. Irrationnalisation (Moscovici, 1981)

Décompression des forces émotionnelles

Citation de Moscovici (1981)

"Le lien entre les membres d'une masse est une espèce de télépathie sociale, les mêmes pensées et les mêmes images sont évoquées pour des millions d'individus et se propagent de proche en proche à la façon des ondes de radio. De sorte qu'ils sont constamment préparés à se retrouver en foule."

Exemples de masses

Principe clé

Une masse est dispersée géographiquement mais partage :

Métaphore : La masse est comme un réservoir d'eau (potentiel), la foule est comme l'eau qui jaillit (actualisé).

Transformation masse → foule

Une masse peut se transformer en foule lors d'événements :

Exemple :

Pression à l'uniformité

Hypothèse de Festinger

Festinger pose l'hypothèse d'une pression à l'uniformité quand un groupe est un critère d'évaluation important.

Résultat : Processus de normalisation.

Mécanismes de la pression à l'uniformité

Deux stratégies possibles

Quand une personne diverge du groupe :

Stratégie 1 : Influencer les autres

L'individu tente d'influencer les membres pour qu'ils se rapprochent de sa position.

Stratégie 2 : Se conformer

OU il change sa position pour adopter celle du groupe.

Conséquence sur les déviants

⚠️ Les personnes trop divergentes ne sont plus utilisées comme point de comparaison.

Processus :

  1. Une personne diverge trop du groupe
  2. Le groupe tente de la ramener à la norme
  3. Si échec → la personne est exclue ou ignorée
  4. Elle n'est plus considérée comme point de référence valide

→ Phénomène de déviance

Implications

Pour le groupe

Pour l'individu

Lien avec d'autres concepts

Zone 1.8 : Conformisme (Asch) La pression à l'uniformité est une des causes du conformisme.

Zone 4.2 : Polarisation collective (Moscovici) La pression à l'uniformité peut mener à une polarisation des opinions.

Évolution et Conflits de rôle"

Évolution des rôles et statuts

Rôle et statuts varient au cours du temps

Exemples d'évolution

Conséquence

Le groupe doit s'adapter à ces changements de rôles et statuts.

⚠️ Divergence entre attentes du groupe et comportement → conflit de rôle

Les 4 Types de Conflits de Rôle (Kahn, 1964)

1. Conflit personnel (ou intra-rôle)

Définition : Attentes des individus incompatibles avec le groupe

Exemple :

2. Conflit intra-émetteur

Définition : Directives contradictoires avec les demandes (même émetteur)

Injonction paradoxale

Exemple :

3. Conflit inter-émetteur

Définition : Demandes contradictoires par plusieurs émetteurs différents

Exemple :

4. Conflit inter-rôles

Définition : Deux émetteurs obligent à choisir entre deux rôles

Exemple :

C'est la cause majeure du burn-out.

Conséquences des conflits de rôle

Principe clé

Les conflits de rôle sont inévitables dans la vie sociale.

La question n'est pas de les éviter, mais de savoir les gérer et les négocier.

Normalisation (Sherif, 1936)

Phénomène utilisé

Effet autocinétique

Dans le noir, un point lumineux fixe paraît bouger alors qu'il ne bouge pas objectivement.

C'est une illusion perceptive.

Protocole de Sherif (1936)

Tâche

Évaluer le mouvement d'un point lumineux (qui ne bouge pas en réalité).

Condition

Situation ambiguë : Pas de repère objectif pour juger.

Phases

Phase 1 : Jugements individuels

Phase 2 : Jugements en groupe

Résultats

Les sujets convergent vers la « norme » groupale.

Processus :

  1. Au départ, estimations très différentes
  2. En groupe, les estimations se rapprochent
  3. Une norme commune émerge
  4. Cette norme persiste même quand les individus sont seuls ensuite

Principe : Normalisation

En situation d'incertitude, nous utilisons les informations des autres pour déterminer notre conduite.

Mécanisme

Incertitude perceptive → Besoin de validation sociale → Convergence vers la norme du groupe

Distinction avec Asch

Sherif (normalisation) :

Asch (conformisme - voir sous-carte C) :

Implications

Les normes émergent naturellement

En situation d'incertitude, les groupes créent spontanément des normes pour réduire l'ambiguïté.

Les normes persistent

Une fois établies, les normes se maintiennent même en l'absence du groupe.

Distinction Foule vs Masse

FOULE

Visibilité :

Durée :

Contact :

Nature (Rouquette, 1994) :

Exemples :

MASSE

Visibilité :

Durée :

Contact :

Nature (Rouquette, 1994) :

Exemples :

Citations clés

Rouquette (1994)

Foule : Un événementMasse : Une matrice d'événements

Explication :

Relation entre foule et masse

La masse peut devenir foule

Lors d'événements spécifiques, la masse (dispersée) se rassemble physiquement et devient une foule.

Processus :

  1. Masse : Partage d'idées/valeurs communes (dispersée)
  2. Événement déclencheur : Concert, manifestation, match
  3. Foule : Rassemblement physique temporaire
  4. Retour à la masse : Dispersion après l'événement

Métaphore

La masse = réservoir d'eau (potentiel, énergie latente)

La foule = l'eau qui jaillit (actualisation, manifestation visible)

Principe fondamental

La foule est la forme visible et temporaire de la masse qui reste invisible et durable.

Expérience de Stanford : L'Effet Lucifer (Zimbardo, 1971)

Contexte

Question de recherche : Quelle est la puissance des rôles sociaux sur le comportement ?

Protocole

Participants

18 étudiants volontaires

Lieu

Sous-sol de Stanford aménagé en prison

Durée prévue

2 semaines en situation carcérale

Mise en condition réaliste

Résultats

Arrêt au bout de 6 jours

L'expérience devait durer 15 jours mais a été arrêtée au bout de 6 jours.

Observations

Comportement des gardiens :

Comportement des prisonniers :

Explications

Facteurs identifiés

1. Obéissance à l'autorité (Milgram)

2. Conformité au groupe (Asch)

3. Contexte situationnel

Les personnalités ne peuvent pas expliquer les résultats (variable contrôlée).

C'est le contexte situationnel qui influence les comportements.

Concept clé : Intériorisation extrême des rôles

Intériorisation extrême des rôles sociauxDésindividuation

Les participants se sont identifiés à leur rôle au point de :

Citation de Zimbardo

« La capacité infinie de l'esprit humain peut transformer n'importe qui en personne aimable ou cruelle, compatissante ou égoïste, créative ou destructive, et peut faire que certains deviennent des méchants tandis que d'autres sont tout simplement des héros. »

Implications

Éclaire des événements réels

Principe fondamental

Le comportement dépend plus du contexte que de la personnalité.

Des personnes "normales" peuvent devenir cruelles en quelques jours simplement en endossant un rôle dans un contexte déshumanisant.

Référence culturelle

Film : "Das Experiment" (L'Expérience) - Oliver Hirschbiegel

Adaptation cinématographique de l'expérience de Stanford.

Effet des Costumes (Johnson & Downing, 1979)

ZONE 1.7 - SOUS-CARTE E

"Effet des Costumes (Johnson & Downing, 1979)"

Contexte

Johnson et Downing répliquent l'expérience de Milgram en ajoutant la variable costumes.

Question : L'anonymat seul suffit-il à expliquer l'agressivité, ou est-ce le rôle social évoqué par le costume ?

Protocole

Réplication de Milgram + Variable costumes

Variable Indépendante (VI)

Type de costume porté :

Variable Dépendante (VD)

Niveau de chocs électriques administrés

Résultats

Comparaison masqué vs non-masqué

Masqué (anonymat) : Niveau de chocs plus élevés que non-masqués

→ Confirme Zimbardo (1969)

Effet du type de costume

Costume d'infirmière (soin) :

Costume militaire (combat/loyauté) :

Conclusions

1. L'anonymat ne suffit pas

L'anonymat seul ne suffit pas à expliquer l'agressivité.

2. Le rôle social évoqué est déterminant

Le rôle social évoqué par le costume oriente le comportement.

3. Activation des normes du rôle

Costume d'infirmière :

Costume militaire :

Principe clé

La désindividuation n'est pas neutre.

Elle oriente le comportement vers les normes du rôle évoqué par le contexte.

Nuance importante par rapport à Zimbardo

Zimbardo (1969) :

Johnson & Downing (1979) :

Implications pratiques

Le contexte et les symboles (uniformes, costumes) ne sont pas neutres :

Rôle, Désindividuation et Anonymat (Zimbardo, 1969)

Rôle, Désindividuation et Anonymat (Zimbardo, 1969)"

Contexte

Zimbardo réplique l'expérience de Milgram (obéissance à l'autorité) en ajoutant la variable anonymat.

Concept : Désindividuation

Définition

Perte de la conscience de soi, du sentiment d'unicité et du sens de l'individualité.

Protocole de Zimbardo (1969)

Réplication de Milgram + Variable anonymat

Variable Indépendante (VI)

Différents niveaux d'anonymat :

Variable Dépendante (VD)

Niveau de chocs électriques administrés

Résultats

Condition masqué/anonyme

Niveau de chocs plus élevés que non-masqués

Explication : L'anonymat favorise la désindividuation → comportements plus agressifs

Facteurs de désindividuation identifiés

  1. Le rôle social
  2. L'excitation
  3. L'alcool
  4. La drogue
  5. L'anonymat

Principe clé

L'anonymat seul peut suffire à modifier le comportement.

Quand on ne peut pas être identifié :

Lien avec Zone 1.5

Désindividuation dans les foules (Festinger, 1952)

L'anonymat en foule crée le même mécanisme :

Application moderne

Cyberharcèlement :